Le calendrier officiel des Fashion Weeks a été bouleversé cette saison, redistribuant les cartes parmi les créateurs internationaux. Un nom jusqu’alors en marge des podiums traditionnels s’est imposé face aux maisons historiques, bousculant les hiérarchies établies.
La nomination de l’élu de l’année n’a pas suivi les critères habituels : influence digitale, engagement sociétal et audace conceptuelle ont pesé plus lourd que le palmarès commercial. Les tendances 2025 en ressortent profondément marquées, révélant de nouvelles dynamiques entre designers, maisons et publics.
Plan de l'article
Les tendances mode qui font vibrer 2025
2025 s’écrit autant sur les podiums de Paris, Milan, Londres et New York que dans les coulisses : les ateliers où une nouvelle génération impose ses codes. La génération Z s’affirme, portée par l’énergie et la créativité de talents comme Lucian Príeto-Sánchez, fondateur d’afrobodega. Diplômé de Polimoda, il module une esthétique qui mêle avec aplomb les héritages noirs et latinos. Sur les podiums, la fierté raciale et les enjeux sociaux s’affichent sans filtre, jusque dans la coupe des vêtements.
Voici les courants qui dominent la saison, chacun porté par des créateurs qui incarnent ce renouveau :
- Upcycling et réinvention : Ellen Hodakova Larsson, à la tête de Hodakova, donne un nouveau souffle aux pièces oubliées. Sa radicalité séduit autant Lily-Rose Depp que Tilda Swinton. Tolu Coker, quant à elle, fait renaître les matières délaissées en créations audacieuses.
- Technologie et artisanat : la mode s’ouvre aux innovations, avec l’impression 3D menée par Poolp pour Paco Fausset Leroy Thomas. Mais l’ancrage artisanal persiste, incarné par Cynthia Merhej et son label Renaissance Renaissance, entièrement conçu au Liban.
- Quiet luxury et old money tendance : la sophistication discrète prend le pas sur le clinquant, avec des palettes sobres et des matières haut de gamme, loin des logos tapageurs.
Le dialogue entre art, engagement et innovation technique redéfinit la couture contemporaine. Francesca Lake, qui a fait ses armes à Central Saint Martins, habille Rihanna et collabore avec ShowStudio, fusionnant performance et vêtement. Côté gestuelle, Alain Paul injecte dans chaque pièce la grâce acquise auprès de Demna et Virgil Abloh. Aujourd’hui, la diversité culturelle ne relève plus de l’effet de mode : elle s’incarne concrètement, collection après collection, sur les podiums automne-hiver.
Quel créateur s’impose cette année ? Focus sur l’Elu et son univers
Pour cette saison, un nom s’impose avec force : Soshi Otsuki, à la tête de la maison Soshiotsuki, formé au Bunka Fashion College. Lauréat du Prix LVMH 2025, il propulse la création japonaise sur le devant de la scène mondiale. Delphine Arnault lui remet le trophée, accompagné d’une belle enveloppe et d’un mentorat personnalisé. Soshi Otsuki gagne en visibilité, mais surtout, il s’installe durablement dans le paysage.
Sa grammaire stylistique ? Un jeu d’équilibre subtil entre les costumes masculins japonais des années 1980, la rigueur d’Armani et des clins d’œil à Hedi Slimane. Les volumes sont maîtrisés au millimètre, à la limite de la sculpture. Les vestes semblent des armures souples, tandis que les pantalons explorent de nouvelles constructions textiles. La palette automne-hiver se décline en noirs profonds, gris nuancés et bruns mocha mousse.
Sa collection n’est pas un hommage figé. Soshi Otsuki revisite l’héritage sans nostalgie, mêlant les références à la couture européenne, d’Yves Saint Laurent à Dries Van Noten, en passant par Mugler, à une identité japonaise pleinement assumée. Le jury du prix LVMH salue sa cohérence et sa capacité à réunir influences et savoir-faire. Soshi Otsuki s’impose, non par la démesure, mais par la précision, la rigueur et la force du geste.
Fashion Weeks, collaborations, expositions : les événements à ne pas manquer
Paris, Milan, Londres : les fashion weeks battent leur plein, offrant une scène vibrante aux jeunes maisons et aux griffes installées. En 2024, Abra, créée par Abraham Ortuño Perez, fait sensation sur les podiums parisiens. Entre sacs, objets et vêtements, sa proposition hybride marie artisanat méditerranéen et touches radicales. L’upcycling s’impose également chez Hodakova : Ellen Hodakova Larsson détourne les codes, inspirée par Margiela, et habille des figures comme Lily-Rose Depp ou Tilda Swinton.
Pour illustrer la dynamique des collaborations, plusieurs talents émergent et s’illustrent cette année :
- Francesca Lake, issue de Central Saint Martins, collabore avec ShowStudio et marque chaque projet de son empreinte.
- Louna Clozel (La Cambre), Sophia Sacchetti (Parsons Paris) et Peiwen Mao (Royal Academy of Fine Arts Antwerp) rejoignent respectivement les studios de Louis Vuitton Homme, Kenzo et Dior femme, grâce au Prix LVMH des Jeunes Diplômés qui leur offre une année d’immersion et une bourse de 10 000 euros.
Dans le sillage des défilés, les expositions fleurissent à Paris et Milan, interrogeant les liens entre art, mode et héritage. Poolp, pionnier de l’impression 3D, collabore avec Paco Fausset Leroy Thomas, diplômé de l’Institut Français de la Mode. Les frontières s’effacent, la saison 2025 s’affirme comme un laboratoire où les jeunes pousses côtoient les géants, et où la conversation créative devient globale.
Palette 2025 : couleurs, matières et inspirations qui redessinent la saison
Le mocha mousse s’impose avec assurance comme la couleur phare annoncée par Pantone pour l’année. Ce brun soyeux, sous le code PANTONE 17-1230, envahit les collections automne-hiver de Paris à Milan. On le retrouve sur des vestes en cachemire, des manteaux à la coupe épurée, des accessoires en cuir. Les studios revisitent l’héritage de Giorgio Armani, disparu à 91 ans cette année, qui avait pressenti cette douceur chromatique avec son mythique greige. Entre hommage et renouveau, la couleur se fait manifeste et revendication.
La matière, elle aussi, raconte une histoire. Poolp imprime en 3D pour Paco Fausset Leroy Thomas. Ellen Hodakova Larsson marie laine recyclée et denim effiloché chez Hodakova. Les maisons déclinent le quiet luxury dans des tissus précieux, à la sobriété étudiée. Les jupes alternent drapés techniques et tweeds à chevrons, clin d’œil à Dries Van Noten ou à Azzedine Alaïa. Main sur le col, boutons en nacre gravée : chaque détail affirme la rareté du geste.
Pour mieux saisir la richesse de cette palette, voici les inspirations majeures du moment :
- Mocha mousse : neutralité subtile, chaleureuse et enveloppante
- Greige : héritage Armani, toujours sophistiqué
- Upcycling : matières ressourcées, créativité sans contrainte
Les jeunes créateurs, de Sophie Gontard à Lucian Príeto-Sánchez, puisent dans l’art contemporain, les cultures noires et latines ou l’univers des cartoons. Cette saison se construit sur des contrastes assumés, entre savoir-faire manuel et technologie, sensualité et rigueur, mémoire et invention.
2025 déroule un fil nouveau sur les podiums, tissant cultures et techniques, audace et héritage. La mode, plus que jamais, s’écrit au présent, prête à surprendre et à ouvrir d’autres horizons.